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XIXe siècle

A French dentist showing his artificial teeth Thomas Rowlandson (1811) Detail

XIXe siècle

XIXe siècle

Le XIXe siècle est à la fois source de grands remaniements pour les études dentaires , mais aussi pour l’évolution de la pratique et la considération du métier.

Il ne faut pas oublier qu'à la fin de ce siècle, avec la guerre franco-prussienne, certains changements seront amenés en Lorraine, le contexte historique influençant la suite de l’histoire ...

 

Evolution des études

En 1802, rétablissement pour toute la France de 3 Facultés, d'un enseignement et de l'internat. Un petit enseignement est créé pour les Officiers de Santé. Quelques Officiers de Santé spécialisés sont en conflit avec les Médecins dentistes et les Dentistes patentés (non formés).

En 1807, MAGGIOLI de la faculté de Gène ( Italie), en collaboration avec son élève et associé JOURDAN (Montpellier), publie le "manuel de l’art du dentiste", dans lequel il se méfie du pélican et préfère l’emploi de la clé de GARENGEOT. Il conseille aux dentistes de Nancy de suivre des cours de chirurgie, et les encourage à travailler quotidiennement dans l’atelier d’un fabricant d’orfèvres pour se former à la prothèse.

En 1822, L’école privée des Drs SIMONIN et HALDAT DU LYS devient "Ecole secondaire de Médecine à Nancy".

En 1840, L’"Ecole secondaire de médecine" devient l’"Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie".

En 1845, la médecine cherche à évoluer. Un grand congrès à Paris se tiendra pour préparer la réforme des études de Médecine.

Le 19 novembre 1872, la Faculté de Médecine de Strasbourg est transférée à Nancy. L’inauguration à lieux dans les locaux de l’université, place Carnot. Les services cliniques prennent place dans les hôpitaux St-Charles (rue Saint-Jean) et St-Léon. Rien n’est prévu pour l’enseignement dentaire qui est totalement ignoré.

L’année 1880 voit la création de l’Ecole dentaire privée de Paris (cercle des Dentistes de Paris). 

L’Hôpital Central, construit en 1883, va accueillir désormais les services cliniques, précédemment installés dans les hôpitaux Saint-Charles et Saint-Léon.

L’inauguration de l’institut anatomique de Nancy se fait en 1896. La même année, a lieu le deuxième Congrès dentaire national à Nancy. Il est présidé par le docteur en médecine, André ROSENTHAL originaire de Strasbourg et réfugié à Nancy depuis 1872. L'année suivante, il préside également le troisième Congrès dentaire national à Paris.

La loi du 10 juillet 1896 constitue les Universités et transforme le Conseil général des Facultés en Conseil d’Université. Ce dernier reprend également les fonctions du Conseil Académique.

 
 

Certaines lois permettent de cadrer la profession et les études

La loi du 30 novembre 1892 relative à l’exercice de la Médecine concrétise la remarque du Pr GROUAEDEL quelques années plus tôt "la profession de dentiste n’est plus ce qu’elle était il y a vingt ans, la France est restée sur ce point très en retard. Il y a pour l’exercice et l’enseignement de cette profession toute une éducation à faire".

En édictant les règles de l ‘accès à la profession, l’état s’engage alors implicitement à contrôler l’enseignement de l’art dentaire donc à organiser les études en vue de l’obtention du diplôme de Chirurgien-dentiste. En pratique, il n’assumera directement la formation qu’à partir de 1965, avant cette date aucun crédit ne sera accordé à la création de structures publiques ou privées. L’état se contente de faire reconnaître les diplômes passés devant la Faculté de Médecine et d’accréditer les écoles dentaires privées.

Ainsi "nul ne peut en France exercer la profession de dentiste s’il n’est muni d’un diplôme de Docteur en Médecine ou de Chirurgien-dentiste. Le diplôme de Chirurgien-dentiste sera délivré par le gouvernement français à la suite d’études organisées […] devant un établissement supérieur médical de l’Etat".

Le décret du 25 juillet 1893 relatif aux études pour le diplôme de Chirurgien-dentiste fixe la durée des études à 3 ans : 

  • Pré-requis : bachelier ou certificat d’étude ou certificat d’études primaires supérieures ;

  • 3 examens théoriques: anatomo-physiologie de la bouche ; pathologie spéciale de la bouche ; clinique ;

  • 1 examen clinique pratique avec la réalisation d’une pièce de prothèse ;

  • Jury de trois membres : un professeur de la Faculté de Médecine et deux Chirurgiens-dentistes de l’hôpital.

Le décret du 31 décembre 1894 crée officiellement les Ecoles dentaires libres de l’Enseignement supérieur, défini le contenu des enseignements (anatomie, physiologie, pathologie et thérapeutique spéciales de la bouche, clinique dentaire) et caractérise le personnel enseignant (au moins 3 Docteurs en Médecine) ainsi que l’organisation des locaux (salle de cours, de clinique, laboratoire d’histologie et bactériologie, dissection anatomique le tout équipé du matériel nécessaire).

 

Evolution de la pratique

En 1883, HEYDENREICH réalise une thèse sur les accidents de la dent de sagesse.

En 1885, le P. BARTHELEMY annonce qu’il opère à la cocaïne dans une publicité, qui est un des meilleurs anesthésiques. Cinq ans plus tard il propose à la vente du ciment pour obturer les dents soi-même.

À la fin du XIXe siècle, plusieurs catégories de praticiens se partagent les soins bucco-dentaires:

  • les Dentistes patentés, c'est à dire non diplômés : ils sont les plus nombreux à exercer ;

  • les Officiers-dentistes, moins nombreux que les précédents ;

  • quelques Docteurs en Médecine exerçant l’art dentaire : les Médecins-dentistes ;

  • les Maîtres chirurgiens ;

  • les officiers de Santé généraux.

Au 19e siècle, l’évolution sur un plan technique est largement emmenée par les Etats-Unis.

La carie qui encore au début du siècle était résolue à coup de burin ou au mieux à l’aide de l’archet de Fauchard, sera traitée successivement par :

  1. le tour à manivelle (1838) ;

  2. le tour à pied de Morrison (1871) qui libère les mains de l’opérateur ;

  3. le moteur à eau (1885) ;

  4. le moteur à air comprimé (Dubois, 1889).

Les premiers fauteuils font aussi leur apparition et évoluent rapidement pour s’adapter à la spécialité. Les techniques d’anesthésie apparaissent et se généralisent. Désormais, il devient difficile de s’improviser dentiste et de parcourir les foires. L’instauration d’un système de qualification devient indispensable. La profession prend les devants.

 

Evolution du métier

La conséquence des décisions de la Révolution, c’est que la loi ne reconnaît pas l'exercice de l'Art dentaire (pas besoin de diplôme), et celui-ci oscille entre des phases de développement et de régression.

Le 20 septembre 1837, le préfet reçoit une lettre circulaire qui réprimande les abus des jurys départementaux pour officiers de santé qui délivrent des diplômes de dentistes. La lettre enjoint de mettre fin à cette coutume.

En 1837, il y a procès et jurisprudences dans l'affaire BONNET.

Le 6 décembre 1849, moins de cinq ans avant la mise en place d’un enseignement structuré, le préfet de Moselle montre, par sa déclaration au maire de Metz qui lui demandait une autorisation, le flou juridique qui entoure l’exercice de la profession. En effet, dans sa réponse, il indique qu’"un dentiste qui ne prend [pas] le titre de chirurgien n’a pas besoin d’un diplôme pour exercer son art [et qu’] il n’y a donc ni autorisation ni défense à délivrer au sieur URKANGEN".

Entre 1851 et 1860, la profession de dentiste à du mal à être cataloguée :

  • 1851 : BONNET et LESAING sont mentionnés « agents sanitaires » en tant que Dentistes et Officiers de santé dans l’annuaire de la Meurthe ;

  • 1854 : Dans l’annuaire de la Meurthe, les dentistes ne sont plus dans la rubrique « hygiène », mais dans le chapitre « commerce et industrie » ;

  • 1859 : Tous les dentistes figurent dans l’annuaire, ainsi que les officiers de santé ;

  • 1860 : Une notice informe à nouveau que le diplôme n’est plus obligatoire pour exercer la profession.

 

La guerre franco-prussienne 

La guerre franco-allemande, parfois appelée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870, oppose, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, la France et les États allemands coalisés sous l’égide de la Prusse.

Ce conflit se solde par la défaite françaiseLe "traité de Francfort" signé entre la France et l’Allemagne à Francfort-sur-le-Main le 10 mai 1871 met fin à la guerre, à la suite de l'armistice franco-allemand demandé, malgré les protestations de Léon Gambetta, par le gouvernement de la Défense nationale, le 28 janvier 1871. Il entraîne l’annexion par le Reich du territoire d’Alsace-Moselle dit "Alsace-Lorraine" (en allemand : "Elsaß-Lothringen").

Les 7 dentistes mentionnés à Metz passent sous la juridiction de l’occupant.

L’arrivée en Lorraine de réfugiés, en particulier strasbourgeois, va largement profiter au développement de Nancy dans divers domaines comme au niveau artistique avec le développement de "l’Ecole de Nancy".

 

Pour en savoir plus :

 

A French dentist showing his artificial teeth Thomas Rowlandson (1811)Thomas Rowlandson (1756-1827) 

"A French dentist showing his artificial teeth"(1811) Gravure colorée à la main sur papier

Il montre le dentiste français, Nicolas Dubois de Chemant (1753-1824) exerçant à Londres, montrant la prothèse en porcelaine qu'il a réalisé, sur une dame plantureuse à un client potentiel qui les inspecte à travers sa double lorgnette.

© British Dental Association et © British Dental Association Dental Museum