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XVIIIe siècle

Giandomenico TIEPOLO Le Charlatan, ou L'Arracheur de dents 1754 - 1755 Detail

XVIIIe siècle

XVIIIe siècle

La dentisterie du 18ème siècle en Lorraine est marquée par l’arrivée des charlatans, qui travaillent grâce aux brevets de Dentiste Ordinaire délivrés par les hautes autorités.

De grands noms de la dentisterie réfléchissent aussi sur l’évolution de la profession, comme Fauchard, qui va établir un terreau fertile aux aménagements à venir dans le même siècle.

D’autres préfèreront simplement s’établir auprès de nobles de la société.

Mais en 1789, tout ce qui à été construit va être chamboulé par la révolution : il va falloir tout réorganiser.

 

XVIIIe siècle en Lorraine

En Lorraine, c’est la Communauté qui continue de s'occuper de la fonction jusqu'en 1770.

Les villes épiscopales (ayant un rapport avec l'évêque) sous dépendances françaises, obéissent à l'autorité du 1er chirurgien du Roi, tandis que le Duc Léopold ou même Stanislas vendent des brevets de Dentiste Ordinaire.

La dentisterie est une part de l'activité des Maîtres-chirurgiens et des opérateurs qui sont souvent ambulants.

Léopold délivre un brevet de dentiste ordinaire à Jacques MOREAU le 15 mai 1721, et à GRIMALDY en 1725.

C'est l'époque de l'arrivée en Lorraine des charlatans qui pratiquent quelques actes, mais vendent surtout des drogues.

 

Les dentistes de l'époque

Grands noms de la dentisterie

Certains dentistes marquent leur époque. C'est l'exemple de MANSARD, dit RAINVILLE, qui en 1712 est mentionné dans le livre « des comptes, des gages et pensions de l’Hôtel de S.A.R. aux officiers de la couronne, domestiques et autres », comme « dentiste ». A ce titre, il lui est alloué une somme de 25 livres pour chaque trimestre.

GERAULDY lui, est un français qui est envoyé en mission en Lorraine en 1718.

En France, FAUCHARD regrette l’absence d’école dédiée à l’art dentaire. Il écrit en 1728 dans son ouvrage de référence "Comment voulez-vous faire de la véritable chirurgie dentaire. On ne connaît ni cours publics ou particuliers de la chirurgie où la théorie des maladies des dents soit amplement enseignée et où l’on puisse s’instruire à fond de la pratique de cet art si nécessaire à la guérison de ces maladies et de celles qui surviennent aux parties dont les dents sont environnées".

Ce n’est que 42 ans plus tard que son idée aboutira, avec la création du Collège Royal de Chirurgie de Nancy. La maîtrise prend différentes formes, l’enseignement est à la fois pratique et théorique. Une ébauche d’enseignement dentaire ainsi qu’une réglementation qui s’y rapporte se mettent en place selon lesquelles « ceux qui voudront s’occuper des dents […] doivent en faire la demande auprès du premier chirurgien du roi ». La formation et les compétences sont limitées à la spécialité.

Le diplôme d’expert dentiste sera délivré pour la 1ère fois en 1772 à : Jean-Claude Fidèle LAFORGUE (le père), Nicolas BUISSON, Jean-Baptiste FOLET et d'autres, puis en 1782 à Charles-Martin LAFORGUE (le fils)…

 

Pierre Fauchard

Pierre Fauchard (2 janvier 1679, à Saint-Denis-de-Gastines - 21 mars 1761 Paris) est mondialement connu et reconnu en tant que "père de la chirurgie dentaire". Lucien Lemerle n’hésitait pas à dire en 1900 que "Pierre Fauchard fut certainement pour l’art dentaire en France ce que Ambroise Paré fut pour la chirurgie", réunissant ainsi deux grands pionniers dans leur discipline.

Jean Lebel 

"Portrait de Pierre Fauchard "au col fermé"

1723-1728

Huile sur toile 

Licensed under Public Domain via Wikimedia Commons 

Texte Société française d’histoire de l’art dentaire, SFHAD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents

Pierre Fauchard a réuni en deux tomes tous les champs de l’odontologie et les désigne dès son titre :

"Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents, où l’on enseigne les moyens de les entretenir propres & saines [hygiène dentaire], de les embellir [orthodontie], d’en réparer la perte [prothèse] & de remédier à leurs maladies [endodontie], à celles des Gencives [parodontologie] & aux accidents qui peuvent survenir aux autres parties voisines des Dents [chirurgie maxillo-faciale]. Avec des Observations & des Réflexions sur plusieurs cas singuliers." L’implantologie est présente dans quelques Observations, lors de cas de réimplantation ou de transplantation.

 

"Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents" a été édité trois fois. 

La première édition, en 1728, la seconde augmentée en 1746 et la troisième posthume de 1786, très peu différente de la précédente.

La richesse didactique et novatrice de cet ouvrage a créé une telle émulation que durant tout le XVIIIe siècle, l’Odontologie française a rayonné dans toute l’Europe.

Image Bibliothèque Interuniversitaire de Santé, Paris et texte Société française d’histoire de l’art dentaire, SFHAD

 

 

 

 

Les autres dentistes

Certains s’occupent de nobles de la société :

- LATOUR est rémunéré comme Dentiste ordinaire et décorateur de la comédie de la Duchesse Elisabeth Charlotte (1734)

- Nicolas RAFFLET est le Dentiste ordinaire de STANISLAS à Commercy en 1738, mais sera remplacé par Lecluze de THILLOY en 1746. Il devint dentiste de Stanislas le jour, dit-il, où celui-ci perdait sa dernière dent. Il séjourne à Lunéville jusqu'en 1752. Pendant cette période, il fait éditer à Nancy son premier traité qui concerne la prévention. Il préconise les visites systématiques chez le dentiste et, pour l’hygiène, de se brosser les dents tous les jours au matin.

- J. Fidéle LAFORGUE, Dentiste ordinaire de Stanislas, appartient à une lignée de Maîtres-chirurgiens. Il est reçu Expert pour les dents à Nancy en 1772.

 

Les changements à la révolution

La Lorraine est intégrée à la France en 1766, et la révolution de 1789 va anéantir le début légal de l’exercice, en Lorraine et partout en France. L’anarchie va perdurer pendant un siècle.

Les efforts de transfert de la Faculté de Médecine de Pont-à-Mousson à Nancy en 1769 et de création du Collège Royal de Chirurgie de Nancy sont anéantis : ils sont supprimés.

Tout le monde a alors le droit de soigner après l'achat d'une patente. Il suffit d'établir une demande pour exercer et on intègre tous les empiriques et charlatans mais il persiste ceux qui s'étaient formés auparavant : Experts, Maîtres et Dr en Médecine.

Cependant, 4 ans plus tard, des chirurgiens volontaires pallient la pénurie en Lorraine en créant des cours privés. C’est l’enseignement du Dr. SIMONIN , qui récupèrera des élèves du Collège de Chirurgie. L'école changera progressivement de nom et de statut.

Par la suite, en 1795, un corps d'Officiers de Santé rapidement formés est créé.

Quelques années plus tard, en 1797, HALDAT DU LYS rejoint l'enseignement de SIMONIN.

 

Pour en savoir plus :

 

 

Giandomenico TIEPOLO Le Charlatan, ou L'Arracheur de dents 1754 - 1755Giandomenico TIEPOLO Venise, 1727 - Venise, 1804

"Le Charlatan, ou L'Arracheur de dents" Vers 1754 - 1755 

H. : 0,81 m. ; L. : 1,10 m.

Se trouvait dans la collection du comte Francesco Algarotti, à Venise, en 1765, puis dans celle de la princesse Mathilde Bonaparte. Legs Alexandre-Robert Le Roux de Villers, 1938

Paris ; Musée du Louvre département des Peintures

R.F. 1938-99

© Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard